La Cour constitutionnelle polonaise déclare certaines dispositions du traité de l'UE incompatibles avec la Constitution polonaise

Andrea De Petris, Directeur scientifique de notre institut partenaire Centro Politichee à Rome, analyse la décision rendue par la Cour constitutionnelle polonaise le 7 octobre 2021.

Après quatre reports depuis juillet 2021, la décision a été rendue le 7 octobre 2021. Cette décision fait suite à une demande du Premier ministre Mateusz Morawiecki, du parti Droit et Justice (Prawo i Sprawiedliwość, PiS), qui avait demandé que l'on examine si les institutions européennes pouvaient empêcher la Pologne de transformer son système judiciaire.

La décision, adoptée par une majorité de 10 des 12 juges constitutionnels et deux opinions dissidentes, stipule que l'article 1 du TFUE, qui établit l'existence de l'Union européenne et la délégation de pouvoirs par les États membres, et l'article 19 TFUE, qui établit les pouvoirs de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) - dont la tâche est d'assurer le respect du droit de l'UE dans tous les États membres - sont incompatibles avec certains articles de la Constitution polonaise. Cette incompatibilité a pour conséquence que les dispositions susmentionnées du TFUE sont inapplicables dans le système juridique polonais, car les articles de la Constitution polonaise doivent être considérés comme ayant une valeur juridique supérieure à ceux des traités de l’UE en cas de conflit. Selon le juge constitutionnel Bartlomiej Sochanski, rapporteur de l'arrêt, « dans le système juridique polonais, le traité de l'UE est subordonné à la Constitution [...] et, comme chaque élément du système juridique polonais, il doit respecter la Constitution ».

 

Dans son arrêt, la Cour constitutionnelle a déclaré qu'elle avait le droit de contrôler non seulement la constitutionnalité du droit communautaire, mais aussi les arrêts de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE). Le chef du parti PiS, Jaroslaw Kaczynski, s'est félicité de cette décision, déclarant « qu'en Pologne, l'acte juridique suprême est la constitution et tous les règlements européens qui s'appliquent en Pologne [...] doivent respecter la constitution. [...] Cela vaut également pour le pouvoir judiciaire, et dans ce domaine, l'Union européenne n'a rien à dire. »

 

La Commission européenne a l'intention d'examiner la décision avant de décider des prochaines étapes. Toutefois, certains critiques estiment que le report de la décision par le tribunal polonais visait à faire pression sur Bruxelles pour que la Commission accepte le plan de relance national de Varsovie. Toutefois, le financement du plan de relance est subordonné au respect des règles européennes en matière d'État de droit et de démocratie.

Début octobre, des responsables européens ont déclaré que la Commission européenne pourrait approuver les plans de relance nationaux de la Pologne et de la Hongrie en novembre, mais à condition que l'État de droit soit respecté. Selon les fonctionnaires de l'UE, en remettant en question la primauté du droit européen sur le droit des États membres, le gouvernement dominé par le PiS met en danger non seulement le maintien de la Pologne dans l'UE, mais aussi la stabilité de l'UE elle-même.

Andrea De Petris

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Traduit du texte original ci-dessous :

La Corte costituzionale polacca dichiara alcune disposizioni del trattato UE incompatibili con la Costituzione polacca.

 

Dopo quattro rinvii da luglio 2021,  il 7 ottobre 2021 il Tribunale Costituzionale polacco ha emesso la sentenza in risposta ad una istanza del Primo Ministro Mateusz Morawiecki del Partito Legge e Giustizia (Prawo i Sprawiedliwość, PiS), che aveva chiesto di verificare se le istituzioni europee possono impedire alla Polonia di modificare il proprio sistema giudiziario. 

 La decisione, adottata da una maggioranza di 10 su 12 giudici costituzionali e due opinioni dissenzienti, afferma che l'art. 1 del TUE, che stabilisce l'esistenza dell'Unione europea e la delega di poteri da parte degli stati membri, e l'art. 19 del TUE, che stabilisce i poteri della Corte di Giustizia dell'Unione Europea ("CGCE"), il cui compito è di assicurare il rispetto del diritto dell'UE in tutti gli Stati membri, sono incompatibili con alcuni articoli della Costituzione polacca. Questa incompatibilità fa sì che le suddette disposizioni del trattato UE siano inapplicabili nell'ordinamento giuridico polacco, poiché gli articoli della Costituzione polacca devono essere considerati superiori a quelli dei Trattati UE in caso di conflitto. Secondo il giudice costituzionale Bartlomiej Sochanski, relatore della sentenza, "nel sistema giuridico polacco, il Trattato UE è subordinato alla Costituzione... e, come ogni parte del sistema giuridico polacco, deve rispettare la Costituzione". 

 

Nella sua sentenza, la Corte costituzionale polacca ha rivendicato il proprio diritto di controllare non solo la costituzionalità del diritto comunitario, ma anche le sentenze della Corte di giustizia dell'Unione europea (CGUE). Il leader del partito PiS Jaroslaw Kaczynski ha accolto con favore la decisione, dicendo che "in Polonia, l'atto giuridico supremo è la costituzione e tutti i regolamenti europei che si applicano in Polonia ... deve rispettare la costituzione. [...] Questo vale anche per la magistratura, e in questo campo l'Unione europea non ha nulla da dire".

 

La Commissione europea intende esaminare la sentenza, prima di decidere i suoi prossimi passi. Alcuni critici ritengono che il ritardo della decisione mirasse a fare pressione su Bruxelles per far approvare il Recovery Plan di Varsavia, e tuttavia il finanziamento del piano di ricostruzione post-pandemia è subordinato al rispetto delle regole europee sullo stato di diritto e la democrazia. All'inizio di ottobre, i funzionari dell'UE avevano sostenuto che la Commissione europea potrebbe approvare i Recovery Plan di Polonia e Ungheria a novembre, ma a condizione che sia garantito il rispetto dello stato di diritto. Contestando il primato del diritto europeo sul diritto degli stati membri, i funzionari dell'UE ritengono che il governo guidato dal PiS stia mettendo in pericolo non solo la permanenza della Polonia nell'UE, ma anche la stabilità dell'UE stessa.

 

Andrea De Petris