Aide militaire à l’Ukraine : le cep souligne l’urgence du passage à l’économie de guerre en Europe

La Russie se montre de plus en plus menaçante pour la sécurité européenne, que ce soit sur le champ de bataille ukrainien ou dans le cyberespace. Face à la fragilité croissante des engagements européens et américains en termes d’aide militaire destinée à l’Ukraine, le Centre for European Policy (cep) évalue la situation et propose des solutions. Selon lui, les alliés doivent accélérer drastiquement le passage à une « économie de guerre » et engager de nouvelles dépenses.

Les Adhocs du cep

L’aide militaire allouée à l’Ukraine connaît actuellement une remise en question préoccupante, en particulier du côté des États-Unis, qui en étaient jusque-là le principal pourvoyeur. « Compte tenu de ses engagements actuels, l'UE n'est pas en mesure de compenser l’aide américaine » déclare Victor Warhem, représentant du cep en France et spécialiste des questions de défense. « Pourtant, tous les belligérants ont intérêt à ce que cette guerre continue, justifiant une réévaluation drastique à la hausse de l’aide européenne pour soutenir l’Ukraine », continue-t-il.

 

Une comparaison entre les ressorts de l’aide militaire française et allemande depuis le début du conflit montre notamment qu’il est indispensable pour l’Union européenne de favoriser l’essor des industries de défense nationales à l’aide de nouvelles incitations. « Le Programme industriel de défense européen annoncé le 5 mars dernier permet avec ses 1,5 Md € d’offrir quelques garanties au secteur européen de la défense mais reste largement insuffisant pour faire transiter l’économie européenne vers une économie de guerre, caractérisée par une production massive et rapide de matériel militaire », déplore M. Warhem.

 

Dans ce cadre, il convient de mobiliser de nouveaux fonds pour permettre à l’Union européenne de répondre à l’urgence ukrainienne et de gagner en autonomie militaire. « Les États de l’Union ont le choix : ils peuvent décider de poursuivre le financement de l’aide militaire à l’Ukraine avec des dépenses souveraines nationales, ou souscrire à un nouvel emprunt européen spécifiquement dédié au soutien à l’industrie de défense », plaide-t-il.

 

« Il est à ce titre dommage de constater que la réunion en format Weimar de vendredi dernier n’ait pas entériné cette volonté. Typiquement, l’annonce de l’utilisation du produit des actifs russes gelés en Europe – évaluée à ce stade à 15 Md € - pour financer la coalition de missiles longue-portée présentée vendredi est certes souhaitable, mais il ne peut s’agir que d’une solution de financement provisoire compte tenu des besoins attendus. Les États européens doivent se mobiliser avant qu’il ne soit trop tard », prévient-il.