Le cep demande plus de concurrence dans les chaines de valeur de l'IA générative

L’Intelligence artificielle générative a franchi une nouvelle étape dans la redéfinition de notre perception de la réalité. Face à la concentration de plus en plus préoccupante de ce marché dans les mains des géants du numériques, la Commission européenne a entamé une procédure à l’encontre de Microsoft pour sa collaboration étroite avec le leader mondial de l’IA, OpenAI. Le Centre for European Policy (cep) met en garde contre les conséquences de cette domination des géants américains sur le droit à la concurrence et sur la stabilité de nos systèmes démocratiques.

Les Adhocs du cep

Amazon et Microsoft occupent aujourd’hui une place dominante qui compromet l’émergence de nouveaux acteurs concurrents. Les groupes technologiques américains auraient ainsi un accès privilégié aux modèles de pointe d'OpenAI, Mistral ou Cohere, ainsi qu'au capital humain restreint qui y est associé. Les start-ups doivent ainsi concurrencer les géants de la tech qui sont déjà intégrés verticalement tout au long de la chaîne de valeur et qui accaparent l’essentiel des ressources nécessaires à la création de leurs modèles, faisant monter les enchères pour les nouveaux venus. Selon Küsters et Kullas, cela permet aux géants d'intégrer la nouvelle technologie dans leurs offres de services, comme les moteurs de recherche, et de profiter ainsi de leur pouvoir de marché sur ces marchés en aval.

 

Les risques ne sont pas seulement d’ordre commercial, ils touchent également à la stabilité de nos modèles démocratiques. « Garantir la concurrence dans la chaîne de valeur de l'IA générative n'est pas seulement un impératif économique, mais aussi une mesure de précaution pour protéger les valeurs démocratiques et garantir la souveraineté numérique de l'UE » déclare Anselm Küsters, expert en technologie numériques du cep qui a rédigé l’étude aux côtés de Matthias Kullas, économiste du cep. La concentration des données de l’IA entre les mains d’une poignée d’acteurs américains les rend en effet maîtres des composantes du débat dès lors que l’IA se glisse dans le discours politique. Le cas de Javier Milei, qui a remporté la « première élection de l’IA », en Argentine illustre les dérives que cela peut entraîner.

 

Outre des investissements plus importants dans des conditions d'implantation de l'IA propices à l'innovation en Europe, il est donc nécessaire de mettre en place une politique de concurrence globale au niveau de l'UE. Il est de surcroit urgent de déterminer si une concurrence accrue pourrait réduire, voire exacerber les risques existentiels liés à l’IA. La DG Concurrence de la Commission européenne pourrait ainsi aligner ses mesures d'application sur les objectifs plus larges de la Commission en matière de souveraineté numérique et de bien-être de la société.