Plan de soutien à l’industrie allemande : Asterès et le cep Paris estiment que la mesure de frein du prix du gaz pour l’industrie pourrait considérablement réduire l’écart de compétitivité-coût entre l’industrie allemande et française.

Dans un contexte fortement inflationniste en Europe, l’Allemagne prévoit un plan de soutien pour ses entreprises améliorant fortement leur compétitivité-coût. « Sans mesures de soutien, les prix de production de l’industrie allemande resteraient dans la moyenne européenne » affirme l’économiste du cabine Asterès Sylvain Bersinger, mais le plan de soutien allemand permettra à l’industrie allemande d’être bien plus compétitive en termes de coûts, même davantage que la France dans le scénario le plus extrême.

Les Adhocs du cep

En quoi consiste ce plan ? Avec les premières mesures annoncées le 10 octobre dernier par le Chancelier Scholz, le gouvernement allemand veut dédommager les entreprises industrielles jusqu’alors exclues des aides à hauteur de 25 Md €. Cette somme fait partie du plan de 200 Md € annoncé le 4 octobre dernier. « Ces 25 Md € seront distribués très simplement : entre janvier 2023 et avril 2024, 70 % du gaz consommé par les entreprises industrielles concernées sera plafonnée à 7 centimes du KWh – le prix du KWh d’octobre 2021 -, les 30 % de la consommation restantes étant payé par les entreprises au prix de marché » explique l’économiste du cep Paris Victor Warhem.

Asterès et le cep Paris ont rédigé une note détaillant quatre scénarios d’impact de la mesure sur la compétitivité-coût de l’industrie allemande, se distinguant les uns des autres par le rôle que joue les prix du gaz dans la hausse des prix de production, rôle encore à ce stade incertain pour l’année 2022. Sylvain Bersinger et Victor Warhem trouvent que, selon les scénarios les plus crédibles où le gaz contribue à la hausse des prix de production à hauteur de 10% et de 20%, la mesure pourrait réduire drastiquement l’écart de compétitivité-coût avec la France, de 6,2 à 12,3 points en termes de prix de production (base 100 en 2015).

« Il s’agit d’un atout majeur pour l’industrie allemande dont la viabilité est littéralement menacée par l’arrêt des approvisionnements en gaz russe » affirme Victor Warhem. « Néanmoins, nos scénarios n’incluent pas de possibles mesures de réaction de la part de la France ou de l’Italie, ce qui reste possible à ce stade » conclut Sylvain Bersinger.