Le CEP Network et le résultat des élections présidentielles françaises

Les trois bureaux du « Réseau des Centres de Politique Européenne » (CEP), dans diverses analyses publiées ces derniers jours, ont souligné de manière unanime comment la victoire d'Emmanuel Macron sur la candidate du RN Marine Le Pen, a permis d’éviter, pour l'instant, un état de tension politique déjà vue avec le Royaume Uni au moment du Brexit.

Le CEP de Paris, indique dans l’éditorial d’ouverture du « Journal de Bord », rédigé par son directeur, Marc Uzan, que la victoire d’E. Macron ne peut donner lieu à une euphorie prématurée, car le plus gros du travail reste à faire, et le discours néo-populiste nationaliste en France se normalise et s’enracine toujours plus profondément, dans une société fortement divisée. La victoire essentiellement « personnelle » d’Emmanuel Macron devra désormais se transformer en un véritable projet républicain humaniste, social et écologique, qui pourrait aussi devoir se mener avec une future composition parlementaire difficile à gérer, comme une cohabitation. « Ce résultat m’oblige » résume parfaitement l’état d’esprit du Président français après sa victoire.

Andrea De Petris, directeur scientifique du Centre for European Policies à Rome (CEP-Italie), avec sa propre contribution, souligne comment les dernières données électorales françaises doivent être lues avec la plus grande prudence, en notant l’importance des votes « contre » un candidat plutôt que ceux « pour » un projet politique spécifique.

L’Adhoc du cep intitulé « avec Macron, l'Europe obtient cinq ans de sursis », rédigé par Jörg Köpke, responsable de la communication du Centrum für Europäische Politik FREIBURG | BERLIN analyse l’aggravation des fractures de la société française, et ses conséquences sur l’avenir de la construction européenne.  Il souligne :

  • La nécessité de donner une nouvelle impulsion aux projets de Macron, qui ont jusqu’à présent échoué, visant à donner à l’OTAN une nouvelle signification stratégique, et à donner à l’Union plus de poids dans la politique de défense et de sécurité ;
  • La recherche d’une plus grande autonomie stratégique pour l’Europe, notamment au vu des chaînes d’approvisionnement perturbées par la pandémie et la guerre en Ukraine ;
  • La nécessité d’étendre également la coopération industrielle et militaire avec les partenaires de l’Union.

L’analyse conclut que l’Allemagne doit soutenir les projets européens du Président français, afin d’éviter un échec de l’Union européenne dans cinq ans.

Enfin, dans un entretien accordé à EURACTIV,  Marc Uzan et le directeur général du CEP, le professeur Henning Vöpel,  explorent  la question de savoir dans quelle mesure ce résultat pourrait contribuer à renforcer le rôle de leader d’Emmanuel Macron dans la politique européenne,  tout en soulignant les faiblesses actuelles de l’Allemagne. En même temps, les positions allemandes deviennent progressivement compatibles avec les lignes stratégiques françaises, à travers de fortes mutations du modèle traditionnel de développement économique allemand.