Cep Berlin/Fribourg : les propositions de la Commission contre la relégation de l’Europe déçoivent

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Berlin/Fribourg. L'UE est contrainte d'agir sur le plan géopolitique et industriel. Elle risque de se faire distancer par les Etats-Unis et la Chine. La Commission a donc présenté la semaine dernière trois projets de loi ainsi qu'une communication. Ils visent à renforcer la souveraineté, la compétitivité et la résilience de l'Europe. Le Centrum für europäische Politik (cep Berlin/Fribourg) estime que ces propositions sont trop parcellaires et bureaucratiques.

Les Adhocs du cep

« La Commission agit de manière trop défensive sur le plan stratégique et se perd dans des instruments parcellaires qui la forcent à intervenir de manière parfois protectionniste. La réponse annoncée en grande pompe à l'IRA, avec laquelle les Etats-Unis veulent attirer les investissements dans les technologies vertes, pourrait ainsi rapidement se révéler inefficace », déclare Henning Vöpel, directeur du cep, qui a examiné les projets de loi avec les experts du cep Berlin/Fribourg Götz Reichert, Matthias Kullas et André Wolf.

Grâce au Net-Zero Industry Act, au moins 40% des technologies vertes devraient être produites localement. Le Critical Raw Materials Act doit stimuler l'exploitation minière et l'économie circulaire des matières premières critiques. La réforme du marché de l'électricité de l'UE doit protéger les entreprises contre les pics de prix et encourager les investissements dans l'électricité produite avec peu de CO2. Bruxelles veut en outre augmenter la compétitivité en améliorant l'accès au capital et en développant les infrastructures.

Les chercheurs du cep Berlin/Fribourg mettent en garde contre des objectifs irréalistes et des interventions graves dans le marché intérieur vieux de 30 ans. « Il serait plus judicieux de mettre en œuvre une stratégie d'intérêts communs : rechercher un leadership technologique ainsi que le renforcement de la sécurité des approvisionnements en ressources critiques, de la base industrielle et de la capacité d'innovation », conseille Kullas. L'UE ne mise pas assez sur ses propres forces. Il est paradoxal de vouloir réduire la bureaucratie tout en créant davantage de bureaucratie avec les projets de loi. Pour les matières premières critiques, il manque, selon M. Wolf, une stratégie sur la manière dont l'Europe veut mettre en place de nouveaux partenariats pour les ressources et les garantir à long terme. Reichert demande des prix de l'électricité abordables pour l'industrie et une sécurité de planification pour les investisseurs dans les énergies renouvelables.