Protection du climat dans le transport maritime : le cep Berlin/Fribourg met en garde contre une intégration trop rapide du coût des émissions de gaz à effet de serre dans le commerce maritime

Berlin/Fribourg. En 2018, le transport maritime a participé à hauteur d'environ 2% aux émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Cela correspondait à environ 85% des émissions allemandes. La Commission, le Conseil et le Parlement veulent se mettre d'accord sur des mesures de réduction pour l'Union européenne. Le Centre de politique européenne Berlin/Fribourg (cep Berlin/Fribourg) met en garde contre le fait que Bruxelles fasse cavalier seul.

Les Analyses du cep

« Les ports et les entreprises de l'UE pourraient subir des désavantages concurrentiels sans qu’il n'y ait de réductions globalement sensibles des émissions de CO2. Dans le transport maritime international en particulier, les mesures unilatérales n'ont en principe qu'un potentiel limité de réduction efficace et rentable des émissions de GES en raison de leur champ d'application géographique réduit », explique Götz Reichert, expert climatique du cep Berlin/Fribourg, qui a analysé les plans de l'UE avec Martin Menner, économiste du cep Berlin/Fribourg. Selon lui, le transport maritime lié à l'UE ne représente qu'un cinquième environ des émissions du transport maritime mondial.

 

« Une action isolée de l'UE comporte un risque considérable de réactions d'évitement et de distorsions de concurrence dues à des coûts unilatéraux de protection du climat », déclare Menner. L'intégration prévue du transport maritime dans le système d'échange de quotas d'émission de l'UE pourrait notamment inciter à contourner les coûts des certificats. Les réactions d'évitement possibles seraient la navigation plus lente des navires ou l'utilisation préférentielle de navires plus efficaces uniquement dans le champ d'application de l'obligation de certificat, ainsi que l'escale supplémentaire ou exclusive dans des ports de pays tiers aux portes de l'UE, afin de raccourcir la distance soumise à certificat ou de contourner l'obligation de certificat. « Ce dernier point nuirait à la compétitivité des ports de l’UE », prévient Menner.

 

C'est pourquoi les propositions du Conseil et du Parlement de ne pas compter comme ports d'escale les ports de transbordement voisins situés jusqu'à 200 miles nautiques de l'UE vont dans le bon sens, selon les experts du cep Berlin/Fribourg. « Car ainsi, au moins pour les transports de conteneurs, les trafics alternatifs ne seront plus attractifs », explique Menner. La démarche unilatérale de Bruxelles augmente toutefois le risque d'un échec des négociations sur une tarification globale du CO2 auprès de l'Organisation maritime internationale (OMI).

 

Si l'UE s'en tient malgré tout à l'intégration du transport maritime dans le système d'échange de quotas d'émission, les chercheurs du cep Berlin/Fribourg estiment que la définition des personnes soumises à l'obligation d'obtenir des quotas doit être améliorée. L'obligation d'obtenir des certificats devrait en outre intervenir plus tard, afin de ne pas anticiper les négociations de l'OMI.