Règlement sur les puces électroniques : le cep Fribourg/Berlin prédit une course aux subventions avec les pays tiers

shutterstock

Fribourg/Berlin. L’Union européenne veut développer massivement la production de puces électroniques de pointe sur son territoire. L’objectif est de réduire la dépendance vis-à-vis d’États comme les États-Unis, Taiwan et la Corée du Sud grâce à l’innovation et la production domestique. Le cep Fribourg/Berlin doute que la loi ait cet effet et craint au contraire une course aux subventions de plusieurs milliards. En mars dernier, le cep avait déjà mis en garde contre une dérive de la politique industrielle.  

Les Analyses du cep

« Assurer l’approvisionnement en puces est en premier lieu la tâche des entreprises. L’intervention de l’Union n’est justifiée qu’en cas de défaillance du marché. Mais cela n’est pas évident », explique Matthias Kullas, économiste du cep, qui a analysé le Chips Act avec Lukas Harta, juriste du cep. Le plan visant à réduire la dépendance vis-à-vis d’autres espaces économiques coûtera très cher à l’Europe. De plus, la proposition met en danger le libre commerce des puces.

 

Selon Harta, on ne sait pas encore comment seront réunis les fonds nécessaires pour que les usines pilotes publiques prévues par le Chips Act soient constamment à la pointe de la technologie. L’aide prévue pour ces dernières risque de déboucher sur une course aux subventions avec d’autres États et de créer des surcapacités. « Si cela empêche les entreprises de produire de manière rentable, elles ne devraient en aucun cas bénéficier d’une aide au fonctionnement. »

 

Les experts du cep estiment que l’Union se trompe de cible. « Se concentrer sur les puces dont la taille des nœuds est inférieure à dix nanomètres est une erreur, car il n’y a guère d’acheteurs dans l’Union européenne pour les puces de cette taille », avertit Kullas. À cela s’ajoute le fait que les critères de prédiction des goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement sont trop vagues. L’expert souligne en outre que « le goulot d’étranglement actuel est plus temporaire que structurel ». La justification du Chips Act repose donc sur des bases minces et pourrait s’avérer être une décision prise avec précipitation.